Centre de formation professionnelle

HISTORIQUE D’UN ETABLISSEMENT DISPARU

« Où est passé le centre de formation professionnelle ? » m’a demandé un ancien élève rempli d’amertume lorsqu’il m’a rendu visite (comme beaucoup d’autres, des élèves studieux, respectueux, dont certains sont sortis du lot : ils sont maintenant pères, grands pères et regrettentleur passage à Haybes où l’enseignement du savoir et la discipline étaient très appréciés).

Essayons de faire l’historique simplifié de cet établissement qui appartenait soit à la commune soit à des propriétaires privés (diversité des bâtiments).

ORIGINE

En 1939 les premiers centres ont été organisés pour former la main d’œuvre industrielle et ont été plus ou moins stoppés pendant l’occupation.

En 1942 se créent les camps de jeunesse sous l’impulsion de Monsieur PIRARD délégué régional à la jeunesse pour éviter, autant qu’il se pouvait, de recruter les adolescents pour le STO (Service de Travail Obligatoire en Allemagne). Ils étaient occupés à différents travauxqui permettaient de les initier à certains métiers, en particulier à ceux du bois.

A la sortie de la guerre de 1946 ils deviennent des centres de formation professionnelle puis centres d’apprentissage sous les auspices de l’Education Nationale.

En 1947 le nombre de candidats est tellement important qu’un examen d’entrée devient obligatoire. Notons les différentes sections crées :

Maçonnerie – serrurerie – couverture – menuiserie – charpente.

L’enseignement professionnel associé à l’enseignement général (dessin – français – mathématiques – sciences – histoire géographie…) étaient assurés correctement.

En 1949 l’effectif des internes était au maximum. Le recrutement fut alors orienté sur les demi – pensionnaires, qui automatiquement se répercuta sur les professeurs.

Le diplôme d’un CAPétait l’aboutissement pour les élèves au bout de 3 ans d’études. Un titre qui les honorait dès qu’ils se présentaient dans les entreprises ou quand ils voulaient créer leur propre exploitation.

Le centre était régi par un conseil d’administration comportant le maire, l’inspecteur de l’enseignement technique, le directeur de l’établissement, des membres du personnel enseignant et des représentants des entrepreneurs concernés.

Problèmes et péripéties inhérents au maintien de cet établissement

Tous les membres n’ont pas toujours été d’accord pour développer cet établissement dans la cité.

Il fallait exproprier, payer des locations… éliminer la société communale qui traversait la propriété.

Tous ces inconvénients auraient pu être contournés, mais les entrepreneurs préféraient le chef-lieu du département, dans la vallée de la Meuse, Haybes était trop excentrée pour eux.

En 1952, on évoquait déjà la possibilité, de déménager l’établissement, malgré des résultats très encourageant au CAP, le taux de réussite le plus important de l’académie. En même temps, il y eut un arrêt des projets d’extension pour d’autres corps de métiers du bâtiment, plomberie zinguerie, peinture… et même de métiers féminins (annexe de Givet).

En 1954 l’incertitude de l’avenir du centre devint critique. Son transfert fut envisagé.

La municipalité réagit :

Séance du 3 juin 1954

« Le conseil municipal de Haybes réuni en séance extraordinaire, ému des rumeurs persistantes sur le démarches faites en vue du transfert du centre d’apprentissage de Haybes à Sedan

Considère que la présence de cet établissement dans la commune de Haybes agglomération dépourvue d’industrie est un élément de vie favorable au développement manuel, intellectuel et physique des jeunes apprentis

Pense que la position géographique de cet établissement à Haybes favorise les familles ouvrières de la vallée de la Meuse en limitant les frais de déplacement des élèves qui se trouvent à proximité de leur domicile

Considère que le centre d’apprentissage contribue à renforcer le prestige de la Ville.

Le vœu mis au voix, à main levée, est adopté à la majorité :

En raison du manque de renseignements officiels sur la question, Monsieur le Maire ne peut s’associer au vœu voté par la majorité et a déclaré s’abstenir ». Celui ci a démissionné aussitôt en 1955.

En 1955, l’inspection académique soulignait les insuffisances de son équipement. Etant donné les travaux à effectuer, soutenu en cela par les entrepreneurs, son extension fut donc suspendue.

En 1958 le conseil d’administration émit le souhait que ce centre soit transplanté dans des constructions nouvelles à Charleville-Mézières.

Dernières requête du Conseil Municipal

Séances du 8 août 1959

Monsieur le Maire rend compte des différentes démarches faites pour le maintien du Centre d’apprentissage de Haybes. Il en résulte que CAB serait supprimé.

Provisoirement il serait transféré à Charleville dans les immeubles du collège national technique, ensuite à Mohon où une construction neuve est prévue.

Enfin, Haybes n’ayant plus de centre d’apprentissage, on construirait un centre métallurgique à Revin.

Le conseil, après cet exposé, proteste de nouveau contre le projet du départ du CAB de Haybes et s’élève contre les dépenses qu’occasionneraient les transferts et constructions nouvelles alors qu’il est plus facile et moins coûteux d’entretenir que de construire au moment où les crédits du ministère de l’Education Nationale sont insuffisants pour satisfaire aux besoins actuels de l’Enseignement primaire, secondaire, technique et supérieur.

Il demande respectueusement à Monsieur le Préfet de bien vouloir transmettre le présente protestation à Monsieur le Président du Conseil.

EPILOGUE : En 1962 le transfert se fit à MOHON dans des locaux neufs. Ils se dénomma maintenant Lycée Professionnel Armand Malaise.

Réflexion en tant que professeur, je dois souligner l’ascension de cet ami, signalé en première partie qui est devenu ingénieur et professeur technique au Lycée Clémenceau de Reims, et combien d’autres encore devenus professeurs à leur tour, et artisans dans les disciplines acquises.

Ce qui prouve la valeur de l’enseignement dispensé dans cet établissement complètement oublié.

D’après Roger ROFIDAL